Issue du courant pictural de l’expression figurative, à la frontière de l’abstrait, la peinture d’Anne Larios donne à voir, à s’interroger et à imaginer le sens et les signes d’une émotion partagée…

Nourrie de matière rugueuse aux aspérités vivantes, la peinture d’Anne Larios exprime force et émotion entre abstrait et figuratif.

Le réel est un prétexte pour une exploration métaphysique, un signe d’où naissent l’expression symbolique et le rythme…

Les formes, les lignes et la palette riche en couleurs et en contrastes, traduisent les émotions du peintre et provoquent la réaction du spectateur : c’est dans cet échange que se noue la relation entre l’œuvre et le public, et que réside l’intérêt d’une exposition.

Dans ses œuvres…

Les tableaux d’Anne Larios commencent parfois par ce qu’elle appelle une faille. Un trait, comme une lame traversant un visage. Alors notre regard hésite. Doit-il se laisser aller à la beauté qui se présente à lui. Ou doit-il rechercher en dehors de la toile le geste qui a placé là cette coupure. Car ces tableaux existent aussi dans le temps qu’on a mis à les accomplir. Avant les griffures, il y a le désir de chercher, la main avec le couteau qui gratte comme si sous le glacis, encore plus profond que le bleu, le rouge ou l’ardoise, existait ce qui nous a construits.

Les yeux ont cru voir une porte. Mais ils n’en sont pas sûrs et surtout ils ne savent pas, si elle existe bien, ce qui bouge derrière. Ailleurs des corps se dressent mais des têtes se penchent. Nous savons si peu de ces profils perdus. Nous ignorons l’histoire de ces formes, l’une près de l’autre, l’une face à l’autre. Ailleurs encore des couleurs, seules. Puisque les amateurs de peinture sont souvent amenés à se poser la question historique de ce qui est figuré ou abstrait, les tableaux d’Anne Larios répondent avec assurance : ils ne sont pas des images, ils sont des forces.

Elle part d’un dessin sur un papier, un seul trait, une obscure nécessité bien plus qu’une idée certaine. Si on dit que tout se bâtit à partir de là, on reste dans le domaine du métier. Et la technique est sûre. Mais il vaut mieux dire que tout vient ou surgit pour mieux rendre compte de la part inconsciente de cette source. Ce moment initial, le dessin, Anne Larios ne le montre pas. Elle n’expose que ce que nous disons être un tableau et qui est une quête. Et demeureront toujours la contradiction, l’impossibilité entre cet objet assez fini pour être accroché au mur et cette recherche qui dure. Qui ne s’arrêtera jamais

Daniel LAONET

ANNE LARIOS
ou la sublimation du Brut

Le Brut est ce qui est à l’Origine de toute chose, en attente d’être façonné, transformé.

Anne Larios est une artiste qui part du Brut, de la Matière, pour atteindre le Brut, l’Essence de l’Etre.
Elle parcourt un trajet qui la conduit vers les profondeurs de la Nature Humaine, trajet débuté dès le début de sa carrière de peintre. Ses œuvres racontent cette quête de l’Origine.
Et de l’Origine peuvent surgir les extrêmes comme le soulignent les déclinaisons de l’artiste.
Ainsi le choix de travailler les couleurs primaires par touches séparément traduit l’ancrage d’un « à venir » du Brut, le plus souvent teinté de joie, mais aussi quelquefois de peur, de colère ou de tristesse, émotions elles-mêmes primaires.
Par contre le mélange des couleurs qui explosent dans des tons chauds, parfois sombres mais toujours porteurs d’espoir, signe le chemin parcouru par un Brut livré aux émotions plus complexes de l’artiste.

Grâce à une sensibilité extrême, Anne Larios s’inspire du Brut pour le magnifier dans ses toiles. A n’en pas douter, le talent d’Anne Larios permet au Brut d’être sublimé.

Marie-Noëlle BLEIN